Dans les couloirs encombrés du tribunal de Sana’a, personne n’avait pris le temps de la remarquer. Cela faisait des heures que la frêle Nojoud Ali, drapée dans un voile noir, patientait, en priant pour qu’une oreille attentive puisse l’écouter. À midi, la foule se dissipa et un juge finit par s’étonner de ce petit bout de femme recroquevillé sur ce banc désormais vide. «Qu’est-ce que tu attends ?», lui demanda-t-il. «Mon divorce !», lui répondit-elle. À 10 ans, Nojoud fait partie de ces milliers de filles yéménites, mariées au plus jeune âge, selon de vieilles traditions tribales qui perdurent essentiellement en province. Mais, fait exceptionnel, c’est la première fois qu’une jeune mariée osa, ce 2 avril 2008, se rebeller contre les traditions en vigueur. Jusqu’à entamer un procès contre son mari, Faez Ali Thamer, trois fois plus âgé qu’elle. Et à le gagner avec brio, grâce à une mobilisation sans précédent de défenseurs des droits de l’homme et de journaux locaux. Une vraie première. «Au début, j’avais honte d’en parler», murmure la petite fille haute comme trois pommes qui a accepté de nous raconter le récit de ses mésaventures. Avant d’enchaîner, cette fois-ci sur un ton plein d’assurance qui dénote une étonnante maturité acquise au cours de son combat de deux mois : «Maintenant, je veux retourner à l’école et je veux étudier pour devenir avocate !» Suite...
Voir aussi: Premier procès pour excision en Suisse: deux ans avec sursis requis...
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