La négomanie, vous la connaissez ?

Par nécessité ou pour préserver leur train de vie, les Français développent une aptitude à la négociation tous azimuts. Pour obtenir des réductions ou des cadeaux, ils n'hésitent plus à pousser les commerçants dans leurs retranchements. 

«Et si je vous achète un deuxième maillot, vous me faites un prix ? » Qui n'a pas déjà prononcé pareille phrase, ou été tenté de le faire ? Les commerçants, en tout cas, l'entendent de plus en plus souvent. Logement, vêtement, voyage, note de restaurant, abonnement au téléphone ou au gaz... Rompus à la chasse aux prix bas, les consommateurs sont décidés à provoquer la bonne affaire lorsqu'elle ne se présente pas d'elle-même.

La négomanie ou l'art de la négociation à tout bout de champ devient une tendance de fond.

 Difficile, pour les professionnels de résister. Car la concurrence est là et il faut garder le client. Il est d'ailleurs parfois des cadeaux peu coûteux qui permettent de satisfaire tout le monde, à bon compte. Ici, c'est un restaurateur servant gratuitement le café, là c'est un disquaire distribuant un disque promotionnel, ailleurs c'est un hôtelier offrant le petit-déjeuner... Certaines enseignes pratiquant sur leur site Internet des prix inférieurs à ceux affichés en boutique acceptent d'ailleurs sans difficulté de consentir aux clients de passage dans le magasin le rabais affiché sur la Toile. Mieux encore : de grands prestataires de services ont mis en place des cellules spécialisées dans la négociation...

En ces périodes de pouvoir d'achat en berne, la recherche effrénée de la bonne affaire relève pour beaucoup de la simple nécessité. Mais tous les négociateurs ne sont pas exclusivement mus par un besoin vital d'économies. Un nombre croissant y mêle le plaisir de « discuter le bout de gras », se prenant peu à peu au petit jeu du marchandage. Une pratique qui peut même prendre des allures de revanche, à en croire le sociologue Dominique Desjeux : « A une époque où les marges de négociations dans l'entreprise sont faibles et où les salariés sur des thèmes comme ceux des augmentations de salaire, des 35 heures ou du travail le dimanche ont le sentiment de perdre du terrain, ils se rattrapent dans leur vie quotidienne. » Histoire d'être gagnant sur au moins un tableau...   Source

Voir aussi: A Paris, on fouille dans les poubelles pour se nourrir…

Et ceci: Ils trouvent leurs repas dans les poubelles des magasins...